Radio France & France Culture Jeudi 1 juin 2023
Des réfugiés soudanais, des femmes et des enfants pour la plupart, s’exilent au Tchad, notamment dans le camp de Koufroun, près d’Echbara (le 1er mai 2023) ©AFP – Gueipeur Denis SASSOU / AFP
Une vingtaine de civils ont été tués dans des bombardements sur un marché de Khartoum, dernier épisode meurtrier d’une guerre qui ne connaît pas de répit, après que l’armée a suspendu, mercredi, les négociations pour la paix. Les civils sont également victimes d’exactions au Darfour.
Une vingtaine de civils ont été tués dans des bombardements sur un marché de Khartoum, jeudi, dernier épisode meurtrier d’une guerre qui ne connaît pas de répit, après le retrait de l’armée des négociations en vue d’un cessez-le-feu. Dans le nord et dans le sud de Khartoum, les FSR, les Forces de soutien rapide du général
Daglo voient leurs bases – paramilitaires -, pilonnées, depuis mercredi, par les canons de l’armée du général al-Burhane. Ce dernier met ses menaces à exécution, nous explique le portail d’information Sudan Tribune, face à un ennemi qui “persiste à ignorer ou à ne pas répondre à la voix de la raison”. Jusqu’à présent, “l’armée s’était abstenue de déployer toute sa force létale, mais elle pourrait être contrainte de l’employer”, avait déclaré, mercredi, le général de l’armée soudanaise, au 47e jour d’une guerre qui a fait plus de 1 800 morts et poussé 1,3 million d’hommes, de femmes et d’enfants à quitter leur maison. Ils sont ainsi déplacés à l’intérieur du Soudan ou exilés au Tchad, en Égypte, en Éthiopie, notamment, à cause de rivalités entre deux généraux, rappelle Times of Israel.
Nombre de personnes tuées dans les combats, frappes et attaques de civils répertoriés au Soudan entre le 15 avril et le 19 mai 2023 par l’ONG ACLED © AFP – Laurence SAUBADU, Nalini LEPETIT-CHELLA / AFP
Suspension de la trêve, qui n’avait d’ailleurs de trêve que le nom, précise le Guardian, car les raids aériens et les combats continuaient, encore mardi. Ils semblent, ce jeudi, monter d’un cran dans la capitale soudanaise, affirme Al Jazeera, la chaîne télévisée qatarienne. Neuf hôpitaux ont dû être fermés au sud de Khartoum, alors qu’ils accueillaient des milliers de familles déplacées, mais le ministère de la Santé dit avoir pris cette décision, “à cause de la présence des FSR autour, qui menacent les soignants et l’approvisionnement des établissements”. Les trois-quarts des hôpitaux dans les zones de combat sont hors d’usage, selon le syndicat des médecins.
Des personnes marchent parmi des objets éparpillés sur le marché d’El Geneina, capitale du Darfour occidental, alors que les combats se poursuivent au Soudan © AFP – AFP
Paroxysme de violence et de chaos dans le troisième plus grand pays d’Afrique, écrit le New York Times : le quotidien américain fait état de nouveaux affrontements qui déchirent la région occidentale du Darfour, poussant des milliers de personnes à fuir et à traverser vers le Tchad voisin. C’est notamment le cas d’El Geneina, capitale du Darfour occidental, où vivent 170 000 habitants. Toutes les structures de santé y ont été détruites. Les 86 camps pour personnes déplacées ont été rasés. Les combats entre l’armée et les paramilitaires des FSR, soutenues par des milices arables locales connues sous le nom de “Janjawids” ont tourné à l’affrontement intercommunautaire et tribal au Darfour occidental. Des maisons et magasins ont été pillés, un commissariat et des bureaux de l’administration saccagés. Une panne de communication a, par ailleurs, coupé la région du reste du monde pendant plus d’une semaine, ce qui fait craindre une crise humanitaire de plus grande ampleur, indique le New York Times.
Des images satellites, obtenues par la BBC au Royaume- Uni, confirment qu’un village près de Nyala dans le sud du Darfour, a été complètement anéanti par le feu : son contour noirci est visible de l’espace. La destruction d’infrastructures vitales, comme le marché de Nyala qui alimente la région, et le pillage généralisé ont laissé de nombreuses personnes avec peu ou pas d’accès aux médicaments, à la nourriture et à l’eau potable, alors que les températures peuvent atteindre les 50°C, dans la région. Plus de 90 000 personnes ont fui la violence au Darfour de l’autre côté de la frontière avec le Tchad, note la BBC. Par ailleurs, le quotidien britannique The Guardian nous apprend, avec effroi, l’agonie d’au moins 60 enfants, piégés dans l’orphelinat de Khartoum au milieu du conflit au Soudan. Des bébés et des enfants plus âgés sont morts de fièvre ou de manque de nourriture, au cours des six dernières semaines, alors que les combats faisaient rage à l’extérieur de leur orphelinat. Impossible, pour les ONG de leur apporter une aide suffisante.